Je prends le train pour me rendre à Wonju, la ville la plus proche du parc national de Chiaksan. J’y arrive en début d’après-midi, pose mes affaires dans un autre love motel et fais un tour en ville.


Les love motel sont des hôtels abordables, nommés ainsi puisqu’en Corée, les couples ne vivent pas ensemble avant le mariage. Donc pour leur offrir un moment tranquille, il y a les « love motels ». Ils y passent la nuit avec tout le confort. Un lit double, une salle de bain avec shampooing, savon, dentifrice. Bon, la salle de bain est coréenne donc quand on se douche, on inonde toute la pièce, la douche n’étant pas compartimentée comme ailleurs ! J’ai même droit aux serviettes propres tous les jours et à un petit sac avec crème, savon, rasoir, brosse à dent, préservatif…

Et dans certaines villes, il n’y a pas d’auberges de jeunesse donc les love motels sont le premier prix…


Après la découverte de ma chambre (au 5e étage), je vais au musée du papier coréen, le hanji. Un musée intéressant sur la diffusion du papier et le processus de fabrication traditionnel en Corée.

Le papier est apparu en Chine en 105 (environ) avant d’arriver en Corée et au Japon, puis en Orient (793) et en Europe (1150).

La période exacte du passage du papier en Corée est inconnue. Mais selon « Les chroniques du Japon », des moines de la période Koguryeo sont allés au Japon et ont enseigné comment peindre et faire du papier et de l’encre. Donc il semblerait qu’entre le 2e et le 7e siècle, le papier soit arrivé en Corée.


Le processus de fabrication est long :

Il faut d’abord couper les mûriers qui ont 1 an entre novembre et février, puis les faire bouillir jusqu’à devenir souple et retirer l’écorce du tronc. On la laisse sécher au soleil puis on la met dans un ruisseau froid et clair pendant un ou deux jours.

Faire un mélange eau et cendres pour rendre le papier brillant, couper les fibres à une longueur de 30 ou 40cm et les faire bouillir pendant 4 ou 5 heures dans le mélange. Puis, les mettre dans l’eau et enlever les impuretés.

On les place ensuite sur une pierre, on les bat pendant 1h (ce travail était très dur : c’est une punition au temps de la dynastie Joseon) et on les remet dans l’eau pour les laisser se dissoudre entièrement.

Lorsque les fibres flottent, on les retire avec un moule selon une méthode déterminant la qualité du papier voulue.

Sur une planche de bois, empiler les pièces de papier humides, recouvrir d’une autre planche de bois et couvrir avec des pierres pour une nuit pour enlever l’eau.

Placer chaque feuille de papier à sécher : avec la chaleur du soleil, ou sur une planche de bois, ou sur le sol (avec le ondol).

Lorsque le papier est enfin sec, le battre pour lisser la surface.

Rien que lire m’a fatigué !


Après une bonne nuit (aucun bruit ne m’est parvenu), je me rends à Chiaksan. Je visite le temple Guryongsa.

Selon la légende, il a été fondé par le moine Uisang (625-702) pendant la dynastie Silla. Le bâtiment principal a été construit sur un étang où vivaient 9 dragons (gu ryong).

Puis je prends le chemin difficile (avec les escaliers) pour atteindre Birobong, le sommet. Il y a beaucoup de nuages aujourd’hui mais j’ai quand même une vue dégagée…

Arrivée au sommet, 1288m, j’y découvre des tours de pierre et une foule assez impressionnante vu le temps couvert…


Les tours de pierres de Maitreya bouddha sont la construction d’un boulanger de Wonju. Ce dernier aurait rêvé qu’un dieu lui commandait de construire 3 tours de pierres au sommet de Birobong en moins de 3 ans. Ce qu’il fit entre 1962 et 1964. Cependant les tours tombèrent en 1967 et 1972 et ont été restaurées à chaque fois.


Une autre légende de Chiaksan explique son nom : chi pour faisan et ak pour rocher.

Un jour, un voyageur tomba sur un serpent tentant d’attraper un faisan. Il sauva le faisan et le serpent voulut alors le tuer. Il s’enroula autour de son corps et lui dit que si la cloche du temple sonnait 3 fois, il aurait la vie sauve. Le faisan fit sonner la cloche avec sa tête et mourut.


Je me met à l’abri du vent et déjeune. Quand je finis, je fais un dernier tour au sommet et vois qu’il y a beaucoup moins de monde pour se prendre en photo avec la pierre du sommet… Je me place dans la file et prend en photo le couple devant moi, je leur demande de me prendre en photo en échange !


Je redescends en prenant un chemin beaucoup moins connu des touristes (d’ailleurs un coréen me demande comment et pourquoi je suis arrivée là) et finis ma rando au temple Gughyeongsa.